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Aujourd’hui, j’aimerais partager une histoire qui m’a poussée à réfléchir sur notre façon de percevoir le monde… et peut-être que ça vous fera réfléchir, vous aussi. Cela s’est passé chez le dentiste, un jour tout simple. Ma dentiste, tout en me triturant les dents, me confie, avec un air sincère et un peu perdu : “Pourquoi est-ce que chaque nouvelle que je reçois est-elle toujours mauvaise ? Pourquoi je ne tombe jamais sur de bonnes nouvelles ?”
Cela me fait toujours sourire lorsqu’on part du principe, que moi, en tant que psychologue, j’ai réponse à tout. Néanmoins une réponse spontanée m’est venue à l’esprit
Et je lui réponds : « Sans doute parce que les bonnes nouvelles, il faut aller les chercher. »
Cette question, a continué de m’accompagner bien après ce rendez-vous. Pourquoi est-ce qu’on doit faire tant d’efforts pour voir le positif ? Pourquoi avons-nous cette tendance naturelle à nous tourner vers ce qui ne va pas ?
Il suffit d’allumer la télé, de lire un journal… Ce qui capte notre attention, ce sont les drames, les catastrophes, les inquiétudes. . Si les informations et les médias en règle générale se sont construit sur ces mauvaises nouvelles, c’est bien qu’il y avait un marché, un terrain propice, que cela intéresse l’être humain.
Mais pourquoi est-ce ainsi ? La réponse, elle est dans notre cerveau. Oui, même si nous nous pensons “évolués”, on garde en nous une partie primitive, notre “cerveau reptilien”, toujours en alerte, à l’affût du moindre danger. Ce cerveau reptilien qui scrute le moindre signe de menace. C’est pourquoi, si nous laissons faire notre instinct, c’est le négatif qui capte naturellement notre attention.
Dans la nature, cette vigilance nous a longtemps servi : elle assurait notre survie. Mais aujourd’hui, cette tendance à voir le danger nous pousse à remarquer le négatif autour de nous, même quand ce n’est plus vraiment nécessaire.
Conseil pratique :
Alors, comment changer cela ? Le bonheur, le positif, ça ne nous tombe pas dessus par magie. Il faut le chercher, activement. On doit entraîner notre esprit, un peu comme un muscle, à voir ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est positif autour de nous. Attention, quand je parle de positif, je ne veux pas dire qu’il faut tout embellir ou minimiser les difficultés. Il ne s’agit pas d’être dans un optimisme naïf. Il s’agit d’introduire dans notre quotidien la capacité de discerner le positif. Cela nous aide à rester plus ancrés dans la réalité. Car dans le fond, la vie n’est jamais faite uniquement de mauvaises nouvelles, de mauvaises personnes, ou de violence. Il y a aussi des gestes de générosité, des moments de paix, des instants de beauté. Le but d’aller chercher le positif est de créer un équilibre.
Il existe de nombreux podcasts et coach en positivité et psychologie positive, qui peuvent être de bonnes sources d’inspirations pour des idées et des exercices. Cependant, il est essentiel d’aborder ces pratiques avec nuance. Sans cette précaution, elles risquent de devenir des injonctions au bonheur, ce qui pourrait, de manière paradoxale, engendrer un sentiment d’échec et des frustrations.
Exemple d’exercice :
Je vois le cerveau comme divisé en deux boîtes. Dans l’une, on trouve les pensées et hypothèses positives, et dans l’autre, les pensées négatives. Curieusement, la boîte des objets négatifs se remplit presque automatiquement. C’est naturel, instinctif. Notre cerveau capte tout ce qui ne va pas, sans effort. En revanche, remplir la boîte à objets positifs, ça demande plus de temps et de conscience.
Avec le temps, c’est comme si le chemin vers le négatif se consolidait, devenait une autoroute bien tracée dans notre esprit. Imaginez un instant, face à une situation nouvelle : notre cerveau mélange toutes nos “cartes mentales”, positives et négatives, et statistiquement, on va tirer une carte négative. C’est logique, on a naturellement tendance à voir ce qui peut mal tourner, à aborder les choses avec une certaine méfiance ou inquiétude.
Alors oui, remplir cette boîte à objets positifs demande un vrai effort, une dépense d’énergie. Mais la bonne nouvelle, c’est que notre cerveau ne fait pas la différence entre la réalité et la fiction ! C’est pour cela qu’on peut être ému devant un film, ou avoir peur en lisant un livre. Autrement dit, toute phrase positive, même simple, peut contribuer à remplir cette boîte à objets positifs. Cela peut ressembler à la méthode Coué, mais ça fonctionne !
Mais quelles phrases utiliser pour remplir cette fameuse boîte ? C’est une question que j’aime poser à mes patients. C’est un excellent exercice pour vérifier l’équilibre entre leurs deux “boîtes”.
D’abord, je leur demande de me dire spontanément une pensée négative, et les réponses viennent sans effort : “J’ai peur de rater mes examens”, “Je suis bête”, “Je suis moche.” Ensuite, je leur dis : “Maintenant, donnez-moi une phrase positive.”
Et là, souvent, c’est le silence. Ça ne vient pas naturellement. Une fois, une patiente a fini par dire, après quelques secondes d’hésitation : “Je ne suis pas si moche.” J’ai souri et lui ai demandé : “Ah bon ? C’est gentil, ça ? Vous diriez ça à votre fille ?”
Elle a souri aussi, comprenant que ce n’était pas vraiment une phrase positive.
Alors, quelles sont ces phrases positives ? On peut être simple et authentique : “J’aime ma tenue”, “Je trouve le ciel beau aujourd’hui”, “Je suis content d’exister”, “J’ai adoré ce film.” Cela peut aussi être quelque chose de plus affirmé : “Je suis belle”, “Je vais réussir”, “Je vais y arriver.”, “je suis fière de moi”, “j’aime ma tenue aujourd’hui”, “j’ai apprécié ce moment avec un ami.”
Remarquez que les phrases qui remplissent la boîte négative commencent souvent par des expressions comme “j’ai peur”, “je dois”, ou encore “je n’ai pas”. Ce sont des mots qui restreignent, qui paralysent.
À l’inverse, dans la boîte positive, nous pouvons choisir d’utiliser ce que j’appelle le langage du bonheur et du désir : des phrases qui commencent par “je veux”, “je souhaite”, “je désire”, “j’ai envie”, “j’aime”. Ces mots ouvrent des perspectives, créent des possibilités, et invitent à voir le monde avec optimisme. Et surtout, cela va remplir la boite à objets positifs !
Ainsi, face à de nouvelles situations, le mélange des deux boites donnera lieu à des hypothèses plus réalistes et moins angoissantes. Cela pourra également aider à ne pas s’engouffrer dans les nouvelles qui viennent naturellement à nous, et aussi tourner notre regard vers d’autres horizons
Alors, à la question « pourquoi que des mauvaises nouvelles ? », je retiens l’idée que c’est parce que les bonnes choses, nécessitent un effort pour être découvertes. Le positif ne surgit pas de lui-même. Contrairement aux mauvaises nouvelles qui captent notre attention par leur immédiateté ou leur intensité, les aspects positifs de la vie sont des reliefs qui se révèlent après un temps d’adaptation. Le positif, les bonnes nouvelles, le bon en règle générale mérite notre attention et notre énergie.
Les mauvaises nouvelles ne demandent pas d’effort au départ, mais finissent par peser lourd, tandis que, même si tourner son regard vers le positif demande un peu plus d’énergie au début, cet investissement s’avère bien plus bénéfique sur le long terme
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